Le financement de cet ambitieux projet est voté le 12 décembre 1931 par le Sénat. La commission des finances inscrit alors au budget une somme de  20 millions de francs se répartissant de la manière suivante : 6 millions destinés à l’édification de trois hangars  et 8 millions à l’installation de l’atelier d’essai. A ces crédits viennent s’ajouter les 6 millions déjà consacrés à l’acquisition des terrains et aux diverses indemnités. La commission de l’air du Sénat par la voix de M. Laudier fait observer que l’installation de l’arsenal à Orléans ne constitue pas l’emplacement idéal, non seulement du point de vue géographique, mais aussi du point de vue de la main d’œuvre. Bien que l’installation d’un aéroport en Beauce soit considérée favorablement par les autorités, une voie s’élève au sein du Sénat contre sa construction à Orléans. Le sénateur du Cher, M. Henri Laudier, membre des commissions de l’air et des finances, s’il note que l’aménagement des aéroports et la décentralisation des services aériens est d’une importance capitale du point de vue économique ou militaire, il considère que le transfert du centre d’essais de Villacoublay vers Orléans n’est qu’un transfert en "grande banlieue".On peut estimer que M. Laudier plaidait certainement pour une installation à Bourges où Avord (où il existe déjà un camp aérien), plus éloigné de Paris et qui aurait procuré un regain d’activité dans son département d’origine. Sur les 75 millions prévus initialement en loi de finances, seuls 25 furent effectivement votés. M. Laudier, par un amendement, tentera de faire rétablir les 75 millions mais ce dernier est repoussé par 185 voix contre 100. La somme supplémentaire de 50 millions comportait l’aménagement complémentaire d’aéroports dont celui de Bourges. On comprend mieux l’opposition de M. Laudier qui voit partir cette manne dans le département voisin.

nnnnpppppLe site choisi pour installer le futur centre d'essais se situe entre les villages de Bricy et Boulay les Barres

Cette vue aérienne prise de l’est vers l’ouest nous montre le site retenu pour la construction de centre d’essais de Bricy-Boulay. A la vaste plaine de la petite Beauce sont arrachées des terres agricoles, pour la construction des deux premiers hangars. (Photo USID/Bricy)


Cette même commission rappelle aux sénateurs, que lors du vote de la dernière loi de finances et à la demande du Ministère de l’Air, un article voté concernait la décentralisation des industries aéronautiques qui sont presque toutes regroupées en banlieue parisienne. Outre la proximité de Paris, d’autres arguments sont avancés contre cette implantation : le manque de protections naturelles et de main d’œuvre spécialisée dans la région. Mais le général Stuhl qui siège lui aussi au Sénat, fait remarquer "qu’en cas de guerre les installations aéronautiques rassemblées dans un espace relativement restreint seront toutes bombardées en même temps et détruites".La réponse de M. Dumesnil ne se fait pas attendre et précise qu’il poursuivra l’effort de décentralisation, que cet effort consistera donc "à éparpiller à travers la France à des distances aussi éloignées que possible des points d’attaques éventuels, les nouvelles organisations de l’aéronautique en tenant compte des possibilités régionales. Il souligne aussi que l’industrie aéronautique ne peut s’installer que dans des villes où l’on trouve de la main d’œuvre, des logements et les facilités industrielles nécessaires".Cependant le transfert vers Orléans du centre de Villacoublay et de l’atelier de l’air présente une situation quelque peu différente : il ne s’agit pas d’installer dans la région orléanaise une énorme usine destinée à assurer une partie considérable des fabrications françaises, mais de déplacer le Centre d’Essais du Matériel Aérien pour le mettre à la fois assez loin de Paris et cependant à proximité d’une ville à fin d’en faciliter le fonctionnement.Du point de vue climatique, la région d’Orléans convient parfaitement. La topologie de la petite Beauce et l’écart de tout centre aéronautique se prête particulièrement bien aux essais aériens : en cas de panne, la région offre une planéité propice aux atterrissages d’urgence d’un aéronef en essais pouvant ainsi éviter sa destruction. L’absence d’aérodromes en périphérie proche est aussi bénéfique à la sécurité de ces essais.

Plan de masse de 1932 représentant une très ambitieux projet avec un centre d'essais à trois hangars et un aérodrome militaire comportant sept hangars. Cette configuration ne sera pas retenue.

Le projet envisagé à la fin des années 20 va voir le jour mais il est maintenant très différent de ce qu’avaient envisagé au départ le C.R.O.A.N.A et les élus locaux. En effet, son caractère "civil" s’est effacé au fil du temps au profit des essais de matériels aériens, plutôt que de raccorder Orléans aux routes aériennes déjà en place. L’aérodrome et son centre d’essais vont donc contribuer au développement et l’amélioration de l’aviation civile et militaire. Suite aux votes par les représentants des assemblées nationales, les premiers crédits vont permettre les premiers grands travaux sur le site de Bricy-Boulay.




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